DAREDEVIL, GUIDE DE LECTURE (PARTIE 2)

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Il est bon de signaler ici la contribution importante du dessinateur Lee Weeks, grand oublié des rééditions de Daredevil. Arrivé au numéro 284 (alors que Ann Nocenti était toujours scénariste), il aura apporté une nouvelle dynamique au titre, bien que s’inspirant grandement d’un autre artiste réputé, son dessin rappelant en effet fortement le démissionnaire David Mazzuchelli (devenu indépendant avec le succès que l’on sait). Malgré ce défaut de débutant, Lee Weeks va s’avérer passionnant durant son passage, assurant la transition en compagnie du nouveau scénariste, D.G. Chichester et illustrant la storyline en quatre parties: Last Rites (qui se conclura au numéro 300). Jamais édité en trade paperback, son run s’avère pour l’instant introuvable autrement qu’en épisodes séparés.

Le fan de Weeks pourra néanmoins se rattraper avec Daredevil: Dark Nights, un ouvrage collectif dont il a signé l’une des trois histoires, ainsi que la superbe couverture utilisée plus haut pour illustrer cet article.

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Si Lee Weeks est devenu une star avec le temps, son remplaçant, Scott McDaniel (arrivé au numéro 305) va, lui, griller les étapes, son style évoluant entre 1992 et 1993 pour arriver gentiment à maturité avec la désormais classique storyline Fall from Grace. Toujours scénarisée par D.G. Chichester, la série redevient hype en plein milieu d’une décennie dominée par l’avènement des éditeurs indépendants (Image et Valiant en tête). On pourra toujours argumenter sur l’intérêt d’un nouveau costume (armure?), mais le graphisme de McDaniel, sorte de copie couleurs de celui de Miller sur Sin City (publié par Dark Horse Comics) ne laisse personne indifférent. Cette gloire soudaine (mais quelque peu éphémère) lui vaudra de pouvoir illustrer une mini-série sur Elektra un peu plus tard (et hélas jamais rééditée).

Une deuxième storyline intitulée Tree of Knowledge (disponible dans l’édition Epic Collection) suivra, mais le souffle était déjà retombé, tout comme la série qui replongea une énième fois dans l’anonymat. Dépité par le désintérêt de son éditeur, Chichester commença à signer du pseudo Alan Smithee à partir du départ de McDaniel (remplacé par un tacheron sans personnalité).

Les année 95 à 96 sont étranges, parcourues d’artistes intéressants (Ron Garney, Cary Nord) mais sans véritable vision scénaristique. Pourtant, on sent bien que le dernier scénariste en date, Karl Kessel, tente de réanimer la série; mais il lui manque un dessinateur-vedette. Et c’est là qu’un illustre revenant va faire sa réapparition.

Cover for Daredevil (Marvel, 1964 series) #363 [Direct Edition]Résultat de recherche d'images pour

A 70 ans passés, le légendaire Gene Colan revient sur le titre (après deux décennies d’absence) au numéro 363, alternant avec Cary Nord et délivrant quelques dizaines de pages bouleversantes de nostalgie, et ce jusqu’à son départ au 370. La série s’arrêtera peu de temps après (en 1998 avec le 380) pour la première fois de son histoire. Ce sera évidemment de courte durée.

Numérotation oblige, le volume Epic loupe le retour de Colan d’un épisode, reprenant les numéros 365 à 380 et donnant une exposition à d’autres artistes moins connus tels que Ariel Olivetti. Un achat que je ne conseillerai qu’aux vieux fans de Daredevil et à tout admirateur du style fluide et sans égal de Gene Colan.

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Redémarrant la même année (1998) avec une nouvelle numérotation et sous un nouveau label (Marvel Knights), Daredevil rentre dans l’ère moderne en abandonnant pour toujours (ou presque) ses allers-retours mainstream et souvent médiocres dans le Marvel Universe, adoptant une approche plus radicale et frontale, tout en s’inspirant du passé.

Le premier volume, scénarisé par le réalisateur de cinéma indépendant Kevin Smith (Clerks, Dogma) et dessiné par le futur rédacteur en chef de Marvel, Joe Quesada, permet de redéfinir l’homme sans peur pour les années 2000, faisant le ménage au passage de deux personnages au combien importants (surtout une) dans sa longue histoire.

L’arrivée de David Mack (Kabuki), d’abord en tant que scénariste (créant le personnage de Echo dans le volume 2), puis illustrateur (volume 3), affirme encore plus la modernité du personnage, ce dernier (devenue véritablement une icône avec le temps) pouvant désormais se permettre des aventures psychanalytiques, ainsi qu’un graphisme à l’aquarelle! Une expérience qui sera d’ailleurs reconduite une poignée d’années plus tard pour le volume 8 (épisodes 51 à 55).

Comme si autant de talent n’était pas suffisant, l’association de Brian Michael Bendis (arrivé sur le volume 3 déjà) et de Alex Maleev (artiste de Batman arrivé au volume 4) allait se charger de faire de Daredevil l’une des séries les plus passionnantes des années 2000, traitant enfin en profondeur un thème récurent qui ne servait alors que de terrain de jeux au justicier écarlate, à savoir le quartier de Hell’s Kitchen (et ses habitants).

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Il ne fait aucun doute que ici se trouve la véritable inspiration de la série télévisée Netflix près de quinze ans plus tard, la suite du run de Bendis creusant encore plus profondément le sillon laissé par Frank Miller, Ann Nocenti et quelques autres. J’en veux pour preuves toute l’histoire sur la révélation publique de l’identité secrète de Matt Murdock (volumes 5 et suivants), ainsi que le nombre d’implications pratiques que cela peut créer dans la vie d’un personnage publique dont la particularité est d’être à la fois aveugle et l’un des meilleurs avocats de New York.

Ce qui fascine également dans l’approche ultra-réaliste de Bendis, c’est sa faculté à composer avec de vieux ennemis has-beens de DD (The Owl, Hyde ou encore ce bon vieux Turk) et de les réduire à des figures dramatiques et touchantes sans que cela ne choque personne, comme si nous avions toujours su que ces gars, avant d’êtres des super-vilains, ou simplement des criminels, étaient avant tout des hommes, pathétiques, certes, mais des hommes quand même. Et le plus humain d’entre-eux, est certainement Wilson Fisk, alias the Kingpin. La seule qui s’en tire au final, c’est Typhoid Mary, mais seulement parce qu’elle a toujours été folle.

Il est d’ailleurs fort dommage que la série télé se soit débarrassée si vite du reporter Ben Urich, son importance étant à l’image de la maestria à laquelle il reconstitue en un seul tableau la véritable toile d’araignée qui recouvre Hell’s Kitchen et dans laquelle personne d’autre ne semble s’y retrouver à part lui.

Construite comme une seule et même histoire, le run de Bendis s’avère indivisible, d’autant qu’il est également unifié par le trait photo-réaliste de Maleev, ce dernier signant ici l’oeuvre la plus marquante (et longue) de sa carrière.

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A partir du volume 9, Matt Murdock a pris le contrôle de Hell’s Kitchen, étant devenu son nouveau Kingpin, ce qui ne va pas sans poser de problèmes, les autorités et la presse n’étant pas dupes de la supercherie, tandis que les criminels tentent de récupérer le terrain perdu par Wilson Fisk. A noter que si vous désirez des pistes sur la série Netflix The Defenders à venir en 2017, c’est ici qu’il faut commencer à chercher.

On conseillera vivement le volume 10 (épisodes 61 à 65) avec le retour sulfureux de Black Widow (elle et Matt ont été ensemble et on nous le rappelle bien), ainsi qu’un épisode très spécial illustré par une brochette d’artistes superstars n’ayant jamais travaillé sur Daredevil auparavant! Une idée grandiose, hélas sans suite.

La série ne faiblit pas jusqu’à la fin (retour du Gladiator et arrivée du nouveau White Tiger dans le volume 11), Bendis se permettant une dernière pirouette scénaristique digne d’Alan Moore avec l’extraordinaire storyline intitulée Decalogue (volume 12) qui justifie à elle-seule la lecture de la série. D’ailleurs, si vous n’avez aucun Daredevil, commencer par Decalogue est le meilleur conseil que je pourrai vous donner, l’ensemble tout seul et ne nécessitant pas de connaître le début. Par contre, une fois que vous l’aurez lu, il vous en faudra plus, beaucoup plus.

Quand au volume finale (13), ramenant Milla (la compagne aveugle de Matt), Elektra, Black Widow et l’increvable Bullseye, il s’avère une conclusion absolument renversante et d’une noirceur terminale. De quoi affirmer haut et fort que Daredevil, en plus d’être sans le moindre doute la meilleure série jamais publiée par Marvel, est probablement aussi l’un, si ce n’est le plus grand comic de super-héros de toute l’histoire.

TO BE CONCLUDED

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