THE ASSASSIN

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Nouveau film de Hou Hsiao-Hsien, le réalisateur taïwanais de Millenium Mambo, The Assassin est un film de sabre et sa première réalisation depuis 2007 et Le Voyage du Ballon Rouge.

Vendu sur la foi d’une bande-annonce somptueuse et de quelques chroniques dithyrambiques, The Assassin ne démérite pas après visionnage, sa splendeur visuelle n’ayant comme pareille que sa rigueur cinématographique.

Le synopsis est assez simple, l’action se passant durant le règne de la dynastie Tang et relate l’étrange partie de cache-cache entre une jeune femme assassin et sa future victime, un noble cousin à laquelle elle fut promise par le passé.

Relativement avare en paroles, The Assassin se dévoile plus par l’image que par son histoire, finalement assez simple et sans véritable mystère, les tenants et aboutissants de chaque élément du scénario étant révélés au fur et à mesure du film. Il en va de même avec les quelques personnages secondaires qui apparaissent ici et là, leur présence et actions se passant souvent de la moindre forme d’introductions. Ce qui n’est pas plus mal au final, la volonté de certains réalisateurs de toujours vouloir nous raconter le pourquoi de personnages décoratifs peut vite devenir redondante.

Ce qui m’a beaucoup plus dans The Assassin, c’est la relation entre Nie Yinniang (la jeune tueuse interprétée par la très belle Shu Qi, parfaite de placidité et de prestance), avec son maître (une femme également) et sa victime. Le respect entre les deux femmes est égal à la rancune emplie d’amour qu’elle porte à celui qui faillit être son mari. La manière dont elle joue avec lui (manquant de le tuer à plusieurs reprises sans jamais le faire) se retrouve dans ses conversations épisodiques avec son maître (toujours sujettes à des tableaux magnifiques), relatant naturellement ses confrontations avortées et ne cherchant presque pas à justifier le pourquoi de ses actions manquées.

le film se nourrit beaucoup de cet assassinat retardé, le retranscrivant dans de grandioses chorégraphies qui ne tombent jamais dans la surenchère aérienne de films épiques tels que Histoires de Fantômes Chinois ou encore Tigre et Dragon. Au lieu de ça, le film préfère s’attarder sur des moments, des émotions, toujours avec beaucoup de rétention.

L’inquiétude de la victime  (joué par Chang Chen – 2046 ou encore Les Trois royaumes) dans un premier temps, suivi par son énervement à être considéré comme une proie sans défense (la tueuse le surclassant haut la main au combat rapproché) est d’ailleurs l’un des seuls moments où la zénitude du film semble contrariée.

Et c’est aussi un peu la relative frustration du film, à savoir que The Assassin semble se complaire dans une certaine forme d’austérité, palliant son refus de céder à un déferlement de grandeur par des tableaux magnifiques tout au long de ses 105 minutes qui en paraissent beaucoup plus au final. Ce n’est pas un défaut en soi mais je comprendrai facilement qu’un certain public puisse trouver tout cela quelque peu long et monotone. Pour ma part, j’ai dégusté The Assassin comme une cérémonie du thé, en appréciant les gestes parfaits et en savourant toute la saveur finale.

The Assassin souffre peut-être de sa qualité principale, à savoir des plans d’une beauté à couper le souffle (incroyable scène  en haut d’un crête entre la tueuse et son maître et la brume qui s’invite dans un timing impossible), cachant au final une possible pauvreté narrative. Ne l’ayant vu qu’une fois, je pense que sa sortie physique constituera le véritable test.

Le temps dira si The Assassin est bel et bien le chef d’oeuvre sensoriel que l’on nous a vendu ou simplement de la poudre aux yeux bien prétentieuse.

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