Scénarisé par le dernier grand scénariste en date de DC Comics (Batman, Master Miracle) et dessiné par une des dernières révélations du défunt label Vertigo (The Dreaming), Supergirl: Woman of Tomorrow est une mini-série de 2021 dont le succès éditorial a conduit au projet de son adaptation en live par le réalisateur James Gunn (The Suicide Squad, Guardians of the Galaxy) pour la relance de l’univers DC au cinéma, un film Warner Bros devant être tourné pour une sortie en salles en 2025.
Cousine de Kal-El créée en 1959 dans les pages d’Action Comics 252, Kara Zor-El a toujours été le membre le plus intéressant de la famille Superman, son destin contrarié ayant toujours été un point de bascule jamais développé. En effet, son arrivée sur Terre pour retrouver son cousin l’a longtemps éloignée d’un destin glorieux, le patriarcat d’alors l’ayant toujours reléguée à un rôle de personnage secondaire alors qu’elle possédait les mêmes pouvoirs que son illustre cousin.
Cela étant dit, à la différence d’autres personnages féminins de comics, Supergirl a connu de nombreuses publications à son nom jusqu’à nos jours, bénéficiant même d’un film (raté) en 1984 et, surtout, d’une très bonne série télévisée de 126 épisodes sur The CW entre 2015 et 2021.
Ayant fait partie des dernières grandes initiatives éditoriales de DC Comics (The New 52 et DC Rebirth), Superman cherchait encore une grande histoire apte à la définir pour la nouvelle génération. Et c’est exactement ce que Tom King lui a offert en 2021 avec la mini-série en 8 numéros.
Dans cette aventure cosmique, Kara se retrouve associée à une jeune femme de son âge dont le père a été gratuitement assassiné par un dangereux mercenaire qu’il avait eu la naïve bonté d’accueillir chez lui. Blessée en même temps que son fidèle chien Krypto sous un soleil rouge différent de la Terre, Kara va s’embarquer avec sa nouvelle amie dans une longue odyssée vengeresse à travers l’espace-temps, trouvant un nouveau sens à son existence et se redéfinissant en tant que femme guerrière et non plus en tant que super-héroïne de seconde catégorie.
Scénarisé avec une véritable conscience féministe d’allié par Tom Taylor, Supergirl: Woman of Tomorrow est un comics qui s’adresse évidemment à tout le monde mais qui plaira tout particulièrement au lectorat féminin de par son intelligence structurelle et narrative empruntée à la bande-dessinée indépendante, tant au niveau de ses brillants dialogues que de son contenu politique, social (et même racial), des thèmes souvent absents des comics de super-héros mainstream.
Dessiné dans un style semi-réaliste par Bilquis Evely (Wonder Woman), la mini-série surprend graphiquement par sa manière de contrebalancer le beau avec le laid, nos deux héroïnes naviguant dans des mondes parfois aussi beaux que dangereux et rencontrant des personnages haut en couleurs.
Parlons-en des couleurs, ces dernières, alternant le chaud et le froid, étant dues à la palette de Matheus Lopes, déjà présent sur le run de Evely durant The Dreaming. Il s’agit pour la plupart de couleurs altérées, donnant parfois l’illusion de pastels et renvoyant parfois aux colorisations criardes de Watchmen et Batman: The Killing Joke mais avec du noir pour atténuer les couleurs trop vives. Son travail apporte une douce mélancolie à l’ensemble.
Magnifique aventure personnelle, pleine d’action, de tragédie et de gloire, Supergirl: The Woman of Tomorrow est également une magnifique déclaration d’amour à Kara Jor-El, un personnage fascinant qui méritait depuis bien trop longtemps cette remise à niveau dans la Panthéon de DC Comics.
Une lecture qui ne vous laissera pas indemne.
SUPERGIRL: WOMAN OF TOMORROW #1 – DC Comics
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